- La maladie
- L’intervention
- La préparation
- Risques et complications possibles
- La première semaine
- Surveillance à court terme
- À long terme
La maladie
La gonarthrose est une altération dégénérative du cartilage articulaire d’un ou de plusieurs compartiments du genou. C’est la cause de gonalgie la plus fréquente après 50 ans.
Elle s’accompagne de déformation, d’enraidissement et donc de limitation fonctionnelle. Le premier traitement médical (anti-inflammatoire, chondro-protecteur, antalgique), les règles hygiéno-diététiques, une visco-supplémentation permettent un soulagement avec votre médecin traitant ou votre rhumatologue.
L’indication opératoire dépend de l’impotence fonctionnelle et de la douleur.
L’intervention
Le but de l’intervention est de remplacer la surface articulaire dégradée de votre genou par une prothèse.
L’intervention se fait dans un bloc opératoire hyper aseptique sous anesthésie générale ou rachi-anesthésie. Elle dure entre 50 mn et 01h30 selon votre morphologie.
Un garrot temporaire peut être placé à la racine de la cuisse pour limiter le saignement.
L’incision est située à la face antérieure du genou. L’articulation ouverte, la rotule est luxée en dehors, exposant les surfaces articulaires. Les ligaments croisés, les ménisques et les ostéophytes sont excisés.
Un ancillaire spécifique permet de réaliser les coupes du tibia et du fémur pour restaurer l’axe mécanique et l’équilibre ligamentaire du genou.
Le cartilage rotulien peut être retiré avant scellement d’un médaillon prothétique en polyéthylène.
La mobilité, l’équilibre ligamentaire et le centrage de la rotule sont vérifiés avec des implants d’essais.
La prothèse définitive est ensuite implantée.
L’articulation est abondamment lavée puis drainée. La fermeture de la capsule articulaire puis des différents plans superficiels est effectuée.
Un pansement compressif est appliqué.
Un drainage de votre genou peut être indiqué.
Lors de l’intervention chirurgicale, votre chirurgien peut être amené à utiliser des rayons X pour réaliser une radiographie ou des images de radioscopie afin de contrôler le geste opératoire. Bien sûr il mettra tout en œuvre afin de vous protéger et de réduire au maximum l’intensité de ce rayonnement.
Il est important qu’il sache si vous aviez eu auparavant une exposition à des rayonnements ionisants (radiothérapie, radiographie et sur quelle zone), vos antécédents médicaux, les médicaments que vous prenez, ou si vous êtes ou pensez être enceinte.
En effet il peut y avoir une sensibilité accrue aux rayonnements ionisants.
Une surveillance post-opératoire de une à deux heures est nécessaire en salle de réveil avant de regagner votre chambre.
La prise en charge de la douleur se fera par l’administration d’antalgiques adaptés.
La préparation
Préparer l’intervention
Un bilan médical est nécessaire.
L’anesthésie peut être localisée aux membres inférieurs (rachianesthésie) ou bien le patient est endormi complètement (anesthésie générale).
Prévoyez un rendez-vous avec l’anesthésiste. Cette consultation est obligatoire. L’intervention sera reportée si la consultation n’a pas eu lieu sauf cas d’urgence. Pour cette consultation, munissez vous de votre traitement en cours et de l’ensemble de votre dossier médical.
Prévenez tout risque d’infection
Prévoyez une bonne préparation de la peau afin de limiter le risque d’infection.
- Réalisez une dépilation de la mi-jambe jusqu’à la mi-cuisse avec soit une tondeuse, soit une crème dépilatoire (et non pas avec un rasoir afin d’éviter toute plaie qui pourrait constituer une source d’infection).
- Prenez une douche au savon antiseptique, la veille au soir ainsi que le matin de l’intervention, afin de diminuer la présence de microbe sur la peau.
- Vérifiez l’absence de “bouton” qui pourrait reporter l’intervention. En cas de doute parlez en à votre médecin ou à l’infirmière qui vous accueillera lors de votre hospitalisation.
- Assurez vous auprès du médecin traitant de l’absence de traitement contre indiquant une intervention : anti coagulant (PREVISCAN) ou aspirine (KARDEGIC ou autre forme…)
Munissez vous le jour de votre opération
- de votre bilan radiographique réalisé lors de la consultation préopératoire
- de béquilles.
- Une attelle avec pack de cryothérapie sera remise en fin de séjour.
Risques et complications possibles
Toute intervention chirurgicale est soumise au risque de complication précoce ou tardive que nous aborderons. Cette liste n’a pas pour but de vous effrayer, elle doit vous aider à prendre conscience qu’une arthroplastie est un acte sérieux qui peut avoir des conséquences inattendues.
Leur survenue est rare, leur fréquence est liée au sérieux de votre préparation.
Risques et complications communs à toute intervention
Votre état général (fatigue, anémie, dépression…), les traitements en cours, les maladies ou altérations de certaines fonctions vont influencer le déroulement de l’intervention et ses suites.
La consultation anesthésique préopératoire a pour but de déceler ces risques, d’envisager au besoin des bilans complémentaires. Après 60 ans il peut vous être conseillé une consultation cardiologique préparatoire.
Quelles que soient les précautions, certains accidents peuvent survenir : allergie, embolie, infection … Leur fréquence est extrêmement. Cependant ce risque existe et doit vous être signalé.
Complications per-opératoire propres à l’arthroplastie de genou
En dépit des soins et prévention, certains accidents ou incidents peuvent se produire au cours de l’opération prévue. Il faut citer :
- La blessure de tissus voisins (muscles, tendons).
- Une fracture du fémur ou du tibia, dont le risque est accentué par une ostéoporose et chez le sujet âgé. Elle peut justifier une ostéosynthèse ou une décharge prolongée.
- La blessure de nerfs qui peut entraîner, même après reprise chirurgicale, des troubles durables tels qu’une paralysie partielle ou des douleurs irradiées.
- La blessure de certains vaisseaux qui peut entraîner une hémorragie abondante. Une transfusion sanguine peut être nécessaire pour compenser les pertes.
Malgré le bilan préopératoire, certaines découvertes durant l’intervention peuvent justifier de la part de votre chirurgien une modification du plan établi initialement et une adaptation du geste chirurgical.
Complications précoce propres à l’arthroplastie de genou
- Une infection du site opératoire peut se produire malgré la prévention systématique. Ce risque est accentué par une fatigue générale, une maladie intercurrente, l’obésité, un tabagisme, un alcoolisme. Une mauvaise hygiène n’est pas simplement compensée par une douche la veille de l’opération.
- Une phlébite peut survenir malgré une prévention systématique par anticoagulants. Ces phlébites une fois constituées peuvent laisser des séquelles douloureuses durables mais également se compliquer d’embolie pulmonaire. La marche et la poursuite du traitement anticoagulant efficace après l’intervention jusqu’à l’abandon des cannes sont le plus souvent les meilleurs moyens d’éviter ces complications.
- Un hématome peut se constituer. Le plus souvent, il reste superficiel, diffuse sous la peau et crée une tension plus ou moins douloureuse du mollet, et une coloration bleutée qui va disparaître dans les 3 semaines. Dans certains cas exceptionnels, il peut nécessiter un ré-intervention.
- Une nécrose cutanée : Plus fréquente en cas de chirurgie de reprise. Une intervention plastique de couverture est parfois nécessaire.
- La raideur du genou : Pendant les 4 premières semaines des adhérences cicatricielles peuvent enraidir le genou en dépit d’une kinésithérapie quotidienne. Une mobilisation sous brève anesthésie de quelques minutes permet alors une mobilisation indolore dans tout le secteur de mobilité. Ce geste nécessite une ré-hospitalisation de 24 à 48 heures puis une rééducation intensive et parfois un séjour en centre de réadaptation fonctionnelle.
- Un déplacement secondaire d’une prothèse de genou non cimentée est possible, soit par bascule du bouclier ou de l’embase tibiale et cela peut nécessiter une ré-intervention.
- De même, une instabilité de la partie rotulienne de la prothèse de genou peut nécessiter une ré-intervention.
Complications tardives propres à l’arthroplastie de genou
- Enraidissement tardif : Associant une gonalgie inflammatoire parfois projetée et une ankylose, il s’agit d’une algodystrophie. Le traitement médical reste long et la kinésithérapie ne permet un résultat satisfaisant qu’après de longs mois voire deux ans.
- Une infection autour de la prothèse par dissémination à partir d’un foyer infectieux à distance. Une ré-intervention est nécessaire, par ablation de la prothèse et son remplacement en un ou deux temps, associée à une antibiothérapie de plus de trois mois.
- Le descellement : la durée de vie d’une prothèse de genou est variable, 15 à 20 ans. Une surcharge pondérale, des traumatismes répétés constituent des facteurs péjoratifs. Le descellement nécessite une ré-intervention avec mise en place d’une nouvelle prothèse adaptée au capital osseux.
Cette suite d’informations exhaustives et médicolégales ne doit pas vous empêcher d’aborder votre arthroplastie avec sérénité.
La première semaine
La rééducation débute à 24 heures en appui complet immédiat avec le kinésithérapeute.
N’oubliez jamais que votre motivation conditionnera la rapidité et la qualité de votre résultat.
Les applications de glace sur le genou, un traitement antalgique adapté rendent cette phase plus confortable.
La réadaptation va ensuite se poursuivre à domicile pour les personnes accompagnées, en centre de convalescence de préférence pour les patients vivant seuls jusqu’à restauration complète de leur autonomie.
Une prévention des thromboses par anti-coagulation est systématique le premier mois. Le port de bas de contention est conseillé.
Enfin des béquilles sont recommandées à la marche le premier mois.
Surveillance à court terme
A la maison ou en centre de convalescence :
Au repos, poser le talon sur un tabouret pour restaurer la pleine extension.
Pliez le plus souvent possible le genou opéré pour amener le pied sous la chaise et restaurer la pleine flexion. Vous pouvez vous aider d’une petite planche à roulettes ou d’un skateboard par exemple.
Apprenez à vous relever d’une chaise en vous appuyant de moins en moins avec les bras.
Exercez-vous à ramasser des objets au sol en fléchissant le genou opéré, l’autre jambe allongée.
Dans les escaliers, utilisez la rampe et vous posez le pied de la jambe non opérée sur la première marche en montant et l’inverse en descendant.
A l’extérieur
Marchez quotidiennement, 5 à 10 min toutes les heures au départ, c’est la meilleure rééducation.
Préférez les sols réguliers et plats. Aidez vous des cannes. Ne vous encombrez pas de charges lourdes ou de paquets volumineux. Le bricolage et le ménage doivent obéir aux mêmes règles de sécurité.
À long terme
Votre prothèse justifie une surveillance régulière auprès de votre chirurgien. A 6 semaines, on contrôle la bonne restauration des amplitudes articulaires et la reprises des activités domestiques. Le contrôle à 3 mois permet de confirmer la réhabitation définitive des implants avant reprise des activités endurantes. Enfin un contrôle est systématique après une année puis tous les 5 ans.
La stricte observance des règles d’hygiène infectieuse doit accompagner votre prothèse tout au long de votre vie.
Votre prothèse comporte des implants métalliques susceptibles de déclencher des portails aéroportuaires de sécurité.